Pour en finir avec les Fables de La Fontaine

Pour en finir avec les Fables de La Fontaine

◐ Édition déclinante : dernier quartier du 11 décembre 2025

Par Ambroise Garel

Plus de trois siècles après sa mort, Jean de la Fontaine continue de conserver une place enviable au classement des personnalités préférées des Français. C'est d'autant plus surprenant que le bonhomme traine derrière lui une batterie de casseroles qui aurait dû lui valoir d'être cancel depuis un bail. Que dirait-on aujourd'hui d'un auteur de contes moraux pour enfants qui écrirait des textes lestes (c'est comme ça qu'on appelait alors les histoires porno) sur son temps libre ? Ou bien d'un plagiaire en série dont l'essentiel de l’œuvre serait une suite d'emprunts d'à peu près tous les fabulistes et conteurs passés avant lui, d'Ésope à Bonaventure des Périers (regardez moi ce scandale) ?

C'est pourquoi, dans l'espoir de réussir enfin à salir pour de bon la mémoire de cet infâme bonhomme qui a forcé des générations d'écoliers à mémoriser des histoires sans queue ni tête de corbeaux qui mangent du fromage, je vous propose de découvrir ces quelques fables ratées, que l'histoire a bien commodément choisi d'oublier pour nous faire croire que Jean réussissait à chaque fois son coup.

  • La Cigogne et la fourmi : une fourmi avait travaillé très dur pendant de longs mois pour préparer l'hiver, quand une cigogne qui passait par là se posa sur elle et l'écrasa sans même s'en apercevoir. La morale de cette histoire est qu'il ne sert à rien de travailler.
  • Le Loup et le chat : un beau jour, un loup affamé sortit du bois où il chassait sa maigre pitance pour s'approcher d'une ferme et vit le chat du fermier, bien replet, en train de faire sa toilette devant la porte. « Certes tu es bien nourri par le fermier, lui dit le loup. Mais en vivant parmi les hommes tu as sacrifié ta liberté. — Lol, lui répondit le chat. Mdr. »
  • Le lièvre et le lièvre : un jour, dans une garenne, deux lièvres décidèrent de faire la course. C'est le plus rapide des deux qui gagna.
  • La stauroméduse et le polype : cette fable posthume, totalement incompréhensible, aurait le pouvoir de plonger dans la folie tout individu qui la lirait dans son entièreté. Par chance, elle occupe plus de deux mille pages et personne n'a jamais eu le courage d'aller jusqu'au bout.
  • Le Corbeau et le Renard 2 : Bloodbath for a cheese : cherchant à capitaliser sur l'incroyable succès de sa fable, la Fontaine bricola hâtivement ce deuxième épisode. On y retrouve le corbeau, qui a entretemps fait carrière dans la police. Alors qu'il n'est plus qu'à une semaine de la retraite, il va croiser la route de son vieil ennemi le renard, dont il n'a jamais renoncé à se venger. Le reste de la fable n'est qu'une suite de course-poursuites banales et de fusillades répétitives. Le magazine Première lui attribuera la note d'une étoile et le qualifiera de « suite peu inspirée » et de « blockbuster d'été tout juste bon pour se vider la tête en rentrant de la plage. »

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